3 B.
SCHWISCHAY, Linguistique et poésie (hiver 2001/02)
Dernière mise à jour : 13-03-02
L’analyse linguistique du sonnet
I. Introduction : Linguistique et poésie
2. Fonction organisatrice de la rime
1. De la proposition noyau à la phrase
A. « Mariages de la syntaxe et de la strophe »
B. La combinatoire de Jakobson
C. Concordances et discordances
· Annexe : Pour une révision des notions élémentaires de
versification
C’est Roman Jakobson qui, issu du formalisme russe, a propagé la conception de l’œuvre poétique comme un système structuré, comme un discours dominé par la fonction poétique du langage, c’est-à-dire tourné vers le matériau verbal considéré pour lui-même. – La notion de « fonction poétique » est développée dans
JAKOBSON, Roman. « Linguistique et poétique », dans Essais de linguistique générale. Minuit,1963.
Jakobson a mis en pratique l’approche structurale en analysant de nombreux poèmes. On trouvera un choix représentatif (y inclus la célèbre analyse des Chats de Baudelaire) dans
JAKOBSON, Roman. Questions de Poétique. Le Seuil, 1973.
Gouvard,
Jean-Michel, L’analyse de la poésie. « Que sais-je ? »,
P.U.F., 2001.
(Lire surtout le chapitre sur « L’analyse linguistique de la poésie au XXe siècle », p. 89-123, et consulter les références bibliographiques
à la page 126.)
Avec A. Gendre, nous distinguons trois niveaux d’analyse :
1° le niveau strophique, articulé autour des rimes et du rythme ;
2° le niveau syntaxique, c’est-à-dire la disposition des phrases par rapport aux strophes ;
3° le niveau sémantique, qui traites des unités thématiques en relation avec la disposition des strophes et des phrases. [1]
REMARQUE. — La plupart des études structurales isolent quatre niveaux d’analyse, à savoir les niveaux phonique, rythmique, syntaxique et sémantique.
Pour aligner les deux classements, on observera que le niveau strophique réunit en grande partie les niveaux phonique et rythmique, sans oublier que des éléments phoniques ou rythmiques interviennent également à d’autres niveaux[2] :
Le niveau phonique comprend les répétitions de sonorités qui sont ou bien codées ou bien aléatoires. Les répétitions codées de sonorités, qui constituent la rime, appartiennent au niveau strophique, alors que les répétitions aléatoires de sonorités, c’est-à-dire les échos phoniques, interviennent au niveau sémantique, puisque « les correspondances des sons à l’intérieur du vers et à la rime mettent souvent en relief des significations »[3].
Au niveau du rythme, il faut faire une distinction entre les rythmes linguistique et métrique. Le rythme métrique, résultat surtout de la distribution des mesures des vers, appartient au niveau strophique ; le rythme linguistique joue son rôle au niveau syntaxique, à l’évidence dans la construction de la période.
« Poème à forme fixe, le sonnet comprend quatorze vers répartis en quatre blocs typographiques : deux quatrains homophones à rimes embrassées (le huitain) et deux tercets (le sizain) dont les rimes obéissent à l’ordre du rhythmus tripertitus[4] (c c d / e e d). Le dernier tercet peut adopter la disposition polaire (e d e). Ainsi, les deux schémas réputés corrects sont les suivants :
a b b a / a b b a // c c d / e e d [sonnet «
italien »]
a b b a / a b b a // c c d / e d e [sonnet « français »] »[5]
Nous appellerons structure visuelle ou typographique la répartition des quatorze vers du sonnet en deux couples de strophes (une paire de quatrains et une paire de tercets), et nous noterons[6] cette dichotomie :
Q1 + Q2 vs T1 + T2 ou ((Q1 + Q2) (T1 +T2))
BAUDELAIRE, Charles. Lettre du 18 février 1860 à Armand Fraisse, dans : Correspondance, t. 1, « Pléiade », Gallimard, 1973, p. 676 ; cf. Valéry, Cahiers, t. VIII, CNRS, 1958, année 1921, p. 357.
Autres arithmétiques spéculatives :
—la « neuvième
méditée » : Boèce
(480-524), Institution arithmétique, Les Belles Lettres, 1995, p.
173-174.
— le nombre d’or
(sectio aurea) : Bähr, W.
Der goldene Schnitt am Sonett, dans : Das literarische Echo, 22e
année, 5e fascicule, 1919, p. 281-283.
— le symbolisme du chiffre sept : Jost Fr., Le Sonnet, de Pétrarque à Baudelaire. Modes et modulations, Berne, Frankfurt a. M., New York, Paris, Lang, 1989, p. 32-33.
Selon des critères métriques, les tercets ne constituent pas des strophes au sens strict : la rime d dans les schémas réguliers ne trouvant son répondant que dans l’autre tercet, on aura une répartition des vers en trois strophes, c’est-à-dire deux quatrains suivis par un sizain[BS1]. Cette structure rimique ou en strophes stricto sensu sera notée :
Q1 + Q2 vs S ou (Q1 + Q2) S)
La fonction organisatrice de la rime trouve sa suite dans la fonction esthétique de la rime, relevée par B. de CORNULIER :
« Une propriété fondamentale de la rime sur le plan esthétique est que tout premier vers d’une association rimique donnée apporte un son "à faire rimer" ou rime d’attente dont on attend l’équivalent, la réponse, rime-echo. » [7]
Ce que met en relief Aragon lorsqu’il écrit, à propos du sonnet « français » :
« [Le
premier tercet] (selon la disposition marotique française [ccd eed]) [laisse]
le troisième [vers d] sur sa rime impaire, demeurée en l’air, sans
réponse jusqu’à la fin du sonnet, comme une musique errante… » [8]
« Le niveau strophique », dans GENDRE, Évolution du sonnet français, p. 14-18.
L’art. « strophe », dans AQUIEN, Dictionnaire de poétique, p. 280/281.
« Groupement des vers. La strophe », dans MAZALEYRAT, Éléments de métrique française, chap. 3, 74-108.
« Rôle des rimes », dans Molino & Gardes-Tamine, Introduction, t. I, ch. II, § 2.5, p. 77-80.
« Le livre de l’esclave : superstructures métriques », dans CORNULIER, Benoît de. Art poëtique, chap. 3, p. 125-182.
Pour renforcer la structure du vers, les théoriciens du vers classique réclament que les articulations grammaticales coïncident avec les articulations métriques. Au niveau de la strophe, il y a concordance si elle coïncide avec une phrase ; au niveau du vers, si la fin du vers coïncide avec une proposition, et au niveau de l’hémistiche, si l’hémistiche coïncide avec un syntagme. Les poètes du xixe vont multiplier les discordances et en tirer des effets stylistiques, dus aux phénomènes de rejet et de contre-rejet ; mais déjà les anciens ont su tirer, des déviations de l’ordre naturel qu’impose souvent le respect de la concordance, des effets stylistiques, dus au phénomène de l’attente[9]. D’autre part, la phrase étant conçu/compris, bien que naïvement, comme une unité linguistique exprimant un sens complet[10], elle coïncide régulièrement avec une unité sémantique.
Il est donc indispensable de compléter, et même de commencer, l’analyse métrique par une analyse syntaxique ; nous allons voir d’autre part que les rapports de la structure syntaxique avec la structure strophique d’une part, et avec la structure sémantique de l’autre, permettent de dégager certaines combinaisons récurrentes.
On isolera comme phrase toute séquence qui se termine par une ponctuation forte : point, point d’interrogation, point d’exclamation. (À remarquer que les points d’interrogation et d’exclamation n’ont pas toujours valeur de ponctuation forte, et que le point-virgule et le double-point peuvent occasionnellement en avoir.)
La proposition noyau groupe autour d’un verbe à un mode personnel les éléments que ce verbe appelle (le sujet et les compléments essentiels) ; c’est donc la construction du verbe, sa valence, qui définit la proposition noyau.
Formellement, l’amplification consiste à ajouter des éléments à la proposition noyau : compléments circonstanciels, appositions, parenthèses. En outre, l’amplification s’observe aux niveaux inférieurs à celui de la proposition, notamment à l’intérieur des syntagmes nominaux, par l’ajout d’épithètes, de compléments « déterminatifs ».
L’amplification appartient à la tradition rhétorique ; elle y nomme une figure qui consiste à « développer les idées par le style, de manière à leur donner plus d’ornement, plus d’étendue ou plus de force » (GRADUS).
En distinguant compléments essentiels et compléments non essentiels (accessoires), on s’efforcera de reconstituer/d’isoler la phrase noyau ou minimale – ceci en vue du phénomène de l’attente sémantique (voir plus loin).
Couramment, l’analyse syntaxique fait appel à la notion d’« ordre logique » (ou « naturel » ou « canonique »), la phrase étant conçue (selon le modèle de la logique classique) comme réalisant une prédication (énonçant un propos) sur un support (un thème). Normalement, le thème figure en position initiale ; c’est le cas notamment pour la phrase énonciative minimale sujet – verbe (Paul rêve).
L’ordre logique est un ordre progressif, allant du « déterminé » au « déterminant » ; il caractérise non seulement l’ordre des constituants immédiats de la phrase mais également les unités à l’intérieur des syntagmes verbal et nominal : normalement, les compléments suivent leur support.
Chaque fois qu’il y a rupture de l’ordre progressif, qu'un des éléments de la séquence « déterminé ¬ déterminant » a été déplacé, il y a inversion.
Il faut distinguer l’inversion grammaticale de l’inversion stylistique. L’inversion grammaticale n’est pas une figure : due à une contrainte syntaxique, elle ne laisse au locuteur aucun choix. Seule, l’inversion stylistique, s'opposant aux règles générales, retient et fixe l'attention : c'est un procédé de mise en évidence.
Ajoutons aux inversions stylistiques
— le délestage, qui consiste à
« (amorcer) la période par une ou plusieurs subordonnées »[11] ;
— l’hyperbate (n.f.), figure de construction qui consiste à séparer un groupe syntaxique de son support et à le placer en fin de la phrase, après une proposition qui paraît complète.
D’autre part, l'inversion peut être liée, en poésie, à des nécessités métriques – en effet, les poètes classiques ont couramment recours à l’inversion pour respecter l’accent fixe de la césure ou pour éviter un hiatus.
Sur le plan sémantique, l’amplification et l’inversion ont souvent comme conséquence de retarder l’achèvement d’un sens minimal complet. C’est un moyen stylistique pour maintenir l’attente sémantique de l’auditeur ou du lecteur, de créer un effet de suspension (figure de style qui « consiste à faire attendre, jusqu’à la fin d’une phrase où d’une période […] un trait par lequel on veut produire une grande surprise ou une forte impression » (Fontanier, p. 364)[12].
La période associe plusieurs propositions autour d’une idée-pivot, pour former une pensée complète, avec l’ensemble des circonstances propres à la définir, à l’éclairer, à l’illustrer.
La période décrit en principe une
courbe mélodique, qui, partie d’une note assez basse […], s’élève par degrés,
parvient à son acmé et redescend pour s’achever sur une note profonde. Donc,
tant au point de vue sémantique qu’au point de vue prosodique, la période verticale
est un circuit : elle tourne autour d’un mot-centre,
accompagné de circonstances ; elle fait le tour du registre
vocal.
La période carrée est construite sur quatre membres, qui peuvent être opposés deux à deux (c’est la période croisée). Elle correspond à la strophe, et singulièrement au quatrain, dont elle reproduit le rythme montant des deux premiers vers et descendant des deux derniers du quatrain[BS3].[13]
La période est équilibré selon les besoins de l’expression, tantôt la cime mélodique (acmé) occupe une position centrale, la protase et l’apodose étant d’une longueur à peu près égale (période pyramidale ou équilatérale), tantôt les deux parties sont fortement inégales (période scalène, ascendante ou descendante).
— De la proposition noyau à la phrase :
« Mémento d’analyse grammaticale [BS4]»,
à l’adresse
http://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/archives.htm
« La
proposition noyau » et « L’amplification »,
dans GARDES-TAMINE & PELLIZZA, La construction du texte, p. 12-22.
« Suspensions et parenthèses »,
dans Morier, Dictionnaire de
poétique et de rhétorique, art. « Période », section III, 4.
— L’ordre des mots [BS5]; l’inversion :
« L’ordre des mots », dans GARDES-TAMINE & PELLIZZA, La construction du texte, p. 12-22.
« Inversion », dans MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, p. 577-583.
— Le sens minimal :
GENDRE, Évolution du sonnet français, p. 37.
« Suspension », dans MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique.
— La période :
« Style inspiré et style naturel », dans GENDRE, Évolution du sonnet français, p. 36-38 ; voir aussi p. 26/27, à propos de l’emphasis.
« Période », dans MORIER, Dictionnaire de poétique et de rhétorique,
p. 859-899.
Interviennent au niveau sémantique le choix des mots, l’emploi des figures et aussi les répétitions aléatoires de sonorités qui, placées à l’intérieur du vers ou à la rime, servent à mettre en relief des significations.
« La langue de la poésie », dans MOLINO & GARDES-TAMINE (1982), t. I, ch. III, p. 113-127.
FONTANIER, Pierre. Les figures du discours (1827-1830). « Champs », Flammarion, 1977.
« Écarts et déviations » et « Répétitions et parallélismes », dans MOLINO & GARDES-TAMINE (1982), t. I, ch. IV et V, p. 128-236.
Souvent, certaines significations sont mis un relief par des échos phoniques à l’intérieur du vers et à la rime.
— le type
progessif (« der aufsteigende Typus »
— le type
cyclique (« ein Typus zyklischer Art »)
— le type
dialectique (« der aus der dialektischen Urgestalt des Sonetts stammt »)
— « monistisch »/ mono-logique ;
— « dualistisch »/ dia-logique
— « triassisch »/ tri-logique
FRIEDRICH, Hugo. Epochen der
italienischen Lyrik, Frankfurt a. M., Klostermann, 1964, p. 161 et suiv.
MÖNCH, Walter, « Das Sonett. Seine
sprachlichen Aufbauformen und stilistischen Eigentümlichkeiten », Syntactica
und Stilistica, Festschrift für E. Gamillscheg, Tübingen, M. Niemeyer
Verlag, 1957, p. 400.
SIBONA C. Le Sens qui résonne. Une étude sur le sonnet français à travers l’œuvre de Louise Labé, Ravenna, Longo, 1984, p. 77-90.
La phrase étant considérée comme un ensemble sémantique cohérent (« unité de pensée »), nous ne considérons pas à part les interactions entre les niveaux sémantique et strophique. C’est-à-dire que nous prenons, par exemple, les types sémantiques mono-logique, dia-logique et tri-logique pour équivalents aux types syntaxiques 1, 2 et 3, respectivement (cf. ci-dessous, les « mariages de la syntaxe et de la strophe »).
La poésie classique réclame la coïncidence des articulations métriques avec les articulations syntaxiques, ce qui, au niveau supérieur (celui de la strophe, de la phrase et de la pensée), signifie que la strophe est censée embrasser une phrase entière (ainsi qu’un thème unique), et que la phrase (l’unité thématique) ne doit pas déborder la strophe. Mais, évidemment, il y a aussi les cas de discordance.
Avec Gendre[15], nous distinguons les types suivants :
Type 1 : |
une seule phrase enjambe les strophes jusqu’à la fin |
Type 2 : |
le sonnet se développe en deux phrases, dont l’une couvre le huitain et l’autre le sizain |
Type 3 : |
une seule phrase pour chacun des quatrains et une troisième pour le sizain |
Type 4 : |
quatre phrases occupant chacune un quatrain ou un tercet |
Type 5a : |
multiplication des phrases à l’intérieur des strophes ou même des vers |
Type 5b : |
deux, trois ou quatre phrases, mais disposés sans respect de la strophe |
Voir http://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/structures.htm
Dans ses études de sonnets, réunies dans Questions de poétique, Jakobson distingue plusieurs types de correspondance entre les strophes du sonnets.
1. La division binaire en quatre strophes donne les correspondances suivantes :
— entre quatrains et tercets :
(1) |
Q1 + Q2 vs T1 + T2 |
ou |
((Q1 + Q2) (T1 + T2)) |
— entre strophes impaires et paires :
(2) |
Q1 + T1 = Q2 + T2 |
ou |
[Q1 ((Q2) T1] T2)) |
— entre strophes extérieures et intérieurs :
(3) |
Q1 + T2 = Q2 + T1 |
ou |
(Q1 (Q2 + T1) T2) |
2. Par une division ternaire en trois strophes, on obtient les correspondances suivantes :
— entre quatrains et sizain :
(4) |
Q1 vs Q2 vs S |
ou |
(Q1 Q2 S) |
— entre quatrains et distique central :
(5) |
Q1 + Q2 vs D vs Q3 |
ou |
((Q1 + Q2) D (Q3)) |
— entre sizains et distique central :
(6) |
S1 vs D vs S2 |
ou |
(S1 (D) S2) |
— Concordance avec la structure strophique visuelle : type 4 de Genre ; correspondance (1) de Jakobson
— Concordance avec la structure strophique rimique : type3 de Genre ; correspondance (4) de Jakobson
— Discordance : type 5b de Genre. Exemple :
P1 |
P2 |
P3 |
P4 |
P5 |
|||
Q1 |
Q2 |
T1 |
T2 |
||||
— Autres cas.
MAZALEYRAT, J. « Groupement des vers. La strophe », dans Éléments de métrique française. Paris, Armand Colin, 1965, chap. 3, 74-108.
GENDRE, A. « Types de mariages de la syntaxe et de la strophe », dans Évolution du sonnet, p. 20.
Jakobson, Roman. Questions de poétique. Seuil, 1973.
Þ Aquien,
Dict., s.v. Structure ;
Répétition – Parallélisme ; Symétrie – Chiasme
GARDES-TAMINE, Joëlle. La Stylistique. A. Colin, 1992.
GENDRE, André. Évolution du sonnet français. Presses Universitaires de France, 1996.
MORIER, Henri. Dictionnaire de poétique et de rhétorique. Presses Universitaires de France, 4e éd. revue et augmentée 1989.
ADAM, Jean-Michel. Pour lire le poème. Bruxelles-Paris, De Boeck-Duculot, 1986.
MOLINO, Jean & Joëlle GARDES-TAMINE. Introduction à l’analyse de la poésie. I. Vers et figures. P.U.F., 1982.
MAZALEYRAT, Jean Éléments de métrique française. Paris, Armand Colin, 1965.
CORNULIER, Benoît de. Art poëtique. Presses Universitaires de Lyon, 1995.
GARDES-TAMINE, Joëlle &
Marie-Antoinette PELLIZZA. La
construction du texte. De la grammaire au style. A.
Colin, 1998.
Voir également : http://www.home.uni-osnabrueck.de/bschwisc/archives/versification.htm
· Versification – Métrique ; Prosodie ; Scansion – Diction
· Syllabe– Pied ; E caduc – Élision –
Apocope – Syncope ; –Diérèse – Synérèse – Cheville ; Hiatus
· Monosyllabe Dissyllabe Trisyllabe
Tetrasyllabe Pentasyllabe Hexasyllabe Heptasyllabe Octosyllabe
Ennéasyllabe Décasyllabe Hendécasyllabe Alexandrin
· Césure –
Hémistiche ; Accent – Contre-Accent ; Coupe – Mesure ; Ternaire
– Trimètre – Semi-Ternaire ; Binaire – Tétramètre
· Rythme ;
Concordance – Discordance ; Enjambement – Rejet – Contre-rejet
Les figures (« métataxes », dans la terminologie de la Rhétorique générale du groupe μ) qui jouent sur la construction de la phrase :
Ellipse, asyndète, zeugme, hyperbate,
inversion, hypallage, énallage, chiasme, tmèse, etc[BS6].
· Rime ; Alternance ;
Monorime
· Strophe
® (distique), (tercet), quatrain, quintil,
sixain, … ; Formes fixes ® Sonnet
[1] Voir GENDRE, Évolution du sonnet français, p. 14.
[2] Voir GARDES-TAMINE, « Rythme et sonorités », La stylistique, p. 9 et suiv.
[3] GENDRE, p. 21.
[4] « Disposition strophique dans laquelle une rime revient de trois vers
en trois vers, à la suite de deux rimes plates… » Voir Morier, s.v. rhythmus tripertitus caudatus.
«…le rythme tripartite est fondé sur une suite où une même rime se
répète tous les trois vers, après un distique : aabccb… » Voir Aquien, Dictionnaire de poétique,
s.v. rime (« la disposition »), p. 242. (Autrement dit :
sizain = distique + quatrain à rimes embrassées.)
[5] H. MORIER, « Sonnet », dans Dictionnaire de poétique et de rhétorique, p. 1056.
[6] Nous reprenons la notation de J. M. ADAM, Pour lire le poème, p. 48, qui repose sur celle de Jakobson. – A. Gendre utiles les abréviations S1 et S2 pour les quatrains, et S3A et S3B pour les tercets ; par ailleurs, Rg emb est mis pour « sonnet français », et Rg cr pour « sonnet italien ».
[7] B. de CORNULIER, « La rime n’est pas une marque de fin de vers », Poétique, 46, 1981. – On peut lire dans J. MOLINO & J. GARDES-TAMINE,qui donnent cette citation (Introduction à l’analyse de la poésie. I., p. 80) : « Non moins important […] est le rôle esthésique [c’est moi qui souligne] que jouent […] les rimes dans les phénomènes d’attente et de résolution […] ». Il s’agit là sans doute d’une coquille, ce que vient corroborer la définition d’esthésie comme « aptitude à percevoir des sensations » (PR). Il n’empêche que ce terme est repris tel quel par GENDRE (p. 16).
[8] Aragon, « Du sonnet », étude parue dans l’hebdomadaire Les Lettres françaises, n° 506, semaine du 4 au 11 mars 1954 (cité d’après Gendre).
[9] D’après Aquien, Dict., à l’article « concordance ».
[10] « C’est par phrases que nous pensons et que nous parlons ; la phrase est un assemblage logiquement et grammaticalement organisé en vue d’exprimer un sens complet » (Grevisse, Le bon usage, § 2, éditions antérieures à la douzième). – Pour une critique de cette conception, voir p. ex. Arrivé, Michel, Françoise Gadet, Michel Galmiche. La grammaire d'aujourd'hui: Dictionnaire alphabétique de linguistique française. Flammarion, 1986, à l’article « phrase ».
[11] Voir Morier, Dictionnaire de poétique et de rhétorique, à l’art. « Période », section II, 6, p. 880.
[12] Le même effet peut être obtenu par la Sustentation (« une sorte de Suspension qui est une figure de pensée, et non une figure de style », ibid.), qui « consiste à tenir longtemps le lecteur ou l’auditeur en suspens [syspS], et à le surprendre ensuite par quelque chose qu’il était loin d’attendre » (id., p. 417)
[13] Voir H. MORIER, « Période », dans Dictionnaire de poétique et de rhétorique, p. 868, n. 1.
[14] D’après Gendre, Évolution du sonnet, p. 22/23.
[15] Évolution du sonnet, p. 18.
[16] D’après « Index raisonné des articles », dans Aquien Dictionnaire.
[BS1] Cf. M. Grammont, Petit traité de versification française (Paris, 1965 [11908]), p. 102 :
Il [= le sonnet] se compose de quatorze vers, divisés en deux strophes de quatre vers (…) et une de six vers (…) Pour la strophe de six vers, on a coutume de la séparer sur le papier en deux tercets, mais c’est en réalité une strophe unique, et la disposition de ses rimes est régie par les mêmes règles que dans tout strophe de six vers.
La fin de ce passage (que j’ai souligné) est cité dans Jakobson/Lévi-Strauss, « Les Chats » (Questions de poétique, p. 402 – avec renvoi à la page 86 du Petit traité de Grammont).
[BS2] Définitions :
a) Gradus, s.v. période
b) ..\Clé des procédés littéraires.doc
c) « La période:
on appelle période une "Phrase complexe dont les membres composants sont
groupés de telle façon que, si variés qu'ils soient dans leur structure, leur
assemblage donne une impression d'équilibre et d'unité" (Marouzeau).
Une période est dite ascendante quand la voix reste en suspens presque jusqu'à la fin parce que l'élément porteur de la signification essentielle de la phrase a été rejeté en fin de phrase.
Une période est dite descendante quand l'élément porteur de la signification essentielle est donné dès le début.
La période est dite pyramidale quand les temps de montée et de descente sont égaux. »
http://perso.wanadoo.fr/minerva/Figures_de_style/FS_cadre.htm
d) « Lorsque,
dans un discours oral ou écrit, la phrase complexe est très développée, selon
des règles de composition strictes, d'ordre logique et rythmique, on parle de
période.
Une période est en général composée d'une protase (première partie et élément ascendant de la phrase), suivie éventuellement d'une antapodose ; puis d'une apodose (deuxième partie et élément descendant de la phrase), suivie éventuellement d'une clausule (clôture de la phrase).
Voici un exemple de période comprenant ces quatre phases :
Cependant, je ne pense pas que des malheurs prochains éclatent ; peuples et rois sont également recrus ; des catastrophes imprévues ne fondront pas sur la France ; ce qui me suivra ne sera que l'effet de la transformation générale. (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe). »
[BS3] Yves Le Hir suggère que la période en prose a pu subir l’influence de la strophe (on pense singulièrement au quatrain) et reproduire le rythme montant des deux premiers vers et descendant des deux derniers. [Page 868, n. 1 : Cf. Rhétorique & stylistique de la Pléiade au Parnasse, P.U.F., 1960, p. 68, n. 1. Même idée chez Arnould (« La période correspond à la strophe […] ; elle est à la prose ce que la strophe […] est au vers ; cf. Essai d’une Théorie du Style, p. 306) [in Le Hir, p. 101].
[BS4] Contrairement à l’analyse logique de la phrase, il ne faudra mettre sur le même plan les propositions (conjonctives ou autres) subordonnées au verbe et les propositions (relatives ou autres) subordonnées au nom, par exemple : les unes appartiennent au niveau (primaire) de la proposition, et ils peuvent même être des éléments constitutifs de la proposition noyau, les autres au niveau (secondaire) du groupe nominal, et ce sont généralement des amplifications. – Voir Le Querler, Nicole. Précis de syntaxe française. Presses Universitaires de Caen, 1994, p. 65-69, pour une distinction entre fonctions primaires (= « les fonctions qui dépendent directement du verbe pivot ») et fonctions secondaires (= « les fonctions qui dépendent d’un autre mot que le verbe »).
[BS5] Voir aussi :
Arrivé, Michel, Françoise
Gadet, Michel Galmiche. La grammaire
d'aujourd'hui: Dictionnaire alphabétique de linguistique française.
Flammarion, 1986,
s.v. « ordre des mots ».
..\..\Analyse\SYNTAGMA\Ordre
canonique GuideAlphabétique.doc
Delaveau, Annie, Françoise Kerleroux. Problèmes
et exercices de syntaxe française.
A. Colin, 1985,
« La notion d’ordre canonique » ; « Différents cas de
disjonction entre la fonction et la position d’un élément », p. 11-14.
..\..\Analyse\SYNTAGMA\Ordre
canonique Delaveau&Kerleroux.doc
[BS6] D’après Aquien, Dict., s.v. Figure, p. 137
Figures de construction concernant la syntaxe :
— avec suppression : asyndète, ellipse, parataxe, zeugme
— avec adjonction : hypotaxe, polysyndète, tmèse
— avec déplacement : hypallage, hyperbate, implication, inversion
— avec substitution : énallage
D’après Aquien, Dict., « Index raisonné des articles – rhétorique », p. 36-37.